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Génération jeux vidéo - En fait, tout va bien

Extrait du dossier Epsiloon n°21


Génération jeux vidéo - En fait, tout va bien (un dossier Epsiloon)Ils rendraient asocial, voire violent… Comme toutes les "nouvelles" technologies, les jeux vidéo ont longtemps suscité la méfiance. Mais la techno n'est plus si neuve, elle est massivement adoptée et ça y est, les scientifiques disposent d'un recul suffisant sur ses effets. Verdict : il y a eu plus de peur que de mal. Loin de nous abrutir, les jeux vidéo pourraient même booster nos capacités cognitives.

La plupart des préjugés tombent

Il n'existe aucun lien entre jeu et violence

C'est l'un des premiers sujets à avoir été étudiés, dès le début des années 1990 : l'impact des jeux vidéo sur les émotions, en particulier l'agressivité. Or aucun lien sur le long terme n'a été véritablement établi. "De nombreux travaux ont initialement observé une corrélation entre la violence des jeux et l'agressivité des joueurs. Mais lorsqu'on se penche sur la question de la causalité, aucun résultat ne montre que les jeux affectent le comportement des joueurs", explique Swann Pichon, chercheur en psychologie et en santé numérique à la Haute Ecole de santé de Genève. Le raisonnement s'inverse même : ce serait parce que des personnes ont des traits de personnalité agressifs qu'elles auraient tendance à s'orienter vers des jeux violents. "Les joueurs les plus compétitifs vont choisir des jeux qui leur permettent de se mesurer à d'autres", détaille le chercheur. Sachant que de plus en plus d'indices tendent à montrer un effet relaxant des jeux vidéo. Une revue des connaissances de 2020 établit ainsi une diminution du stress, de l'anxiété, de la dépression ; et des études de 2022 indiquent même que les jeux mutijoueurs auraient aidé à supporter le stress des confinements. Avec un bémol, en particulier pour les enfants. "Au-delà d'une pratique quotidienne raisonnable, cela se répercute sur le développement, prévient Swann Pichon. Car les jeux empiètent sur le temps alloué aux interactions sociales et à l'éducation."

Pas d'impact sur le bien-être

Il n'y a aucune indication de l'existence d'un lien entre le temps passé à jouer et le bien-être du joueur, viennent de conclure des chercheurs de l'université d'Oxford, au terme d'une enquête menée sur les habitudes vidéoludiques de presque 40 000 personnes pratiquant sept jeux différents. Le seul véritable impact semble plutôt tenir à la motivation des joueurs : ceux qui allument leur console par plaisir présentent un bienêtre plus élevé que ceux qui se sentent obligés de jouer pour terminer un niveau, par exemple. La question n'est pourtant pas tout à fait tranchée, ces travaux se fondant encore sur un trop petit nombre de jeux. Andrew Przybylski, responsable de l'étude, insiste : il faudrait que l'industrie vidéoludique permette aux joueurs de partager leurs données de jeux avec les chercheurs, ce qui est pour l'instant encore très difficile.

Les joueurs ne sont pas forcément sédentaires

Le voilà, le grand préjugé : les jeux vidéo feraient le lit des mauvaises habitudes, transformant les humains en être immobiles et reclus, hostiles à toute activité physique. De quoi nuire à leur santé… Pourtant, les données sur le sujet sont loin d'être tranchées. Selon les chiffres publiés fin 2022 par le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs, 73 % des joueurs français auraient pratiqué une activité sportive au moins une fois par mois, contre seulement 67 % des non-joueurs. Sauf que certaines recherches font état d'une corrélation entre jeu et régime alimentaire plus gras et plus sucré, à même de provoquer l'obésité. La question reste donc en suspens. Quant aux recherches sur les exergames, ces jeux comme Wii Sports pour lesquels on déplace son corps ou la manette, elles ont montré qu'ils pouvaient avoir un effet similaire à celui d'une séance de jogging. Mais ce type de jeu a été relégué au second plan par l'industrie vidéoludique depuis presque deux générations de consoles.

Le dossier complet (10 pages) est à lire dans le n° 21 du magazine Epsiloon (5,90 €)

Publié le 6 mars 2023 par Emmanuel Forsans
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